Winnipeg – Palais législatif du Manitoba
Certains mythes entourent le Palais législatif du Manitoba.
Quand le sujet du domicile du gouvernement provincial est abordé, on entend souvent des histoires de colonnes manquantes, de corruption gouvernementale et de symboles occultes.
Le début du 20e siècle a été une période de grand essor pour le Manitoba. Un immeuble législatif plus grand et plus grandiose étant souhaité afin de refléter le succès de la province, un concours de design a été organisé en 1911. L’architecte de Liverpool Frank Worthington Simon a remporté ce concours, ainsi que le prix de 10 000 $, pour son projet de style Beaux-Arts d’inspiration grecque. Le design de Simon suscite beaucoup d’attention aujourd’hui, notamment en raison de l’iconographie employée. Franc-maçon avoué, il a incorporé des symboles issus notamment de la mythologie égyptienne et de la philosophie hermétique. Ainsi, en explorant le Palais législatif aujourd’hui, vous apercevrez peut-être la tête de Méduse au-dessus du grand escalier, ou découvrirez l’Arche d’alliance sur les côtés est et ouest de la façade.
Au sommet du toit en dôme du bâtiment, qui culmine à 68 mètres au-dessus du rez-de-chaussée, se trouve l’emblématique Golden Boy de Winnipeg. Achetée en France et réalisée par le sculpteur Georges Gardet, cette œuvre de 4,9 mètres de hauteur, officiellement nommée La jeunesse éternelle, représente le dieu grec Hermès. La statue porte une gerbe de blé sous le bras, et une torche pointant vers le nord dans sa main tendue, symbolisant la pierre d’assise de l’économie manitobaine et la richesse des ressources disponibles dans le nord du Manitoba.
Le Golden Boy et le Palais législatif du Manitoba font tellement partie du paysage de Winnipeg qu’il est difficile d’imaginer autrement celui-ci. Quand la construction a commencé en 1911, il est probable que personne à Winnipeg n’avait prévu à quel point ce processus allait être difficile.
Des retards, de la corruption et des scandales ont entaché le projet dès son lancement. L’entrepreneur du projet, Thomas Kelly, avait délibérément remis une soumission trop basse afin d’obtenir le travail, et il a commencé à augmenter son prix dès ses services retenus. Cet argent supplémentaire a surtout été détourné par Kelly, mais une partie de celui-ci a été versée au Parti conservateur du premier ministre Rodmond P. Roblin. Quand le scandale a éclaté, Roblin a démissionné de son poste et Kelly a été condamné à deux ans et demi en prison. La province a également saisi le domaine de Kelly situé à l’angle de l’avenue Assiniboine et de la rue Carlton.
La Première Guerre mondiale battait alors son plein, et le projet a encore été retardé. L’arrivée du Golden Boy à Winnipeg a également été retardée par l’effort de guerre. Le navire censé apporter le Golden Boy au Canada a été réquisitionné par l’armée en 1918, et la sculpture a passé le reste de l’année à traverser l’Atlantique dans un navire de guerre, jusqu’à ce qu’elle soit finalement installée à Winnipeg en novembre 1919.
En fin de compte, il a fallu sept ans pour que l’édifice, alors appelé Parlement du Manitoba, ouvre enfin ses portes. Une cérémonie a eu lieu le 15 juillet 1920 pour célébrer à la fois l’ouverture du bâtiment et l’entrée du Manitoba dans la Confédération.
Heritage Winnipeg a célébré la préservation de ce bâtiment emblématique en 2003 et en 2018, en remettant à la province du Manitoba deux Preservation Awards. Afin de célébrer le 150e anniversaire de la province du Manitoba en 2020, et à l’occasion du 100e anniversaire du Palais législatif du Manitoba, le gouvernement provincial a annoncé un plan de 150 millions $ pour la conservation et l’entretien de cet édifice patrimonial emblématique.